Économie

L’Opep+ débat de nouvelles réductions alors que les prix du pétrole continuent de chuter

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont réunis à Vienne pour discuter de solutions face à la chute des prix du pétrole. Une réduction supplémentaire de la production, estimée à un million de barils par jour, fait partie des options envisagées lors de cette réunion de l’Opep+. Les cours du pétrole ont subi une baisse d’environ 10% depuis une décision surprise de réduire les quotas de production en avril. Cette mesure n’a pas réussi à stimuler les prix, en raison des inquiétudes liées à la récession économique mondiale, aux hausses des taux d’intérêt des principales banques centrales et à la reprise lente de la demande en Chine après les restrictions anti-Covid.

Spectre de la récession

La situation économique actuelle a conduit les membres de l’Opep+ à envisager de nouvelles coupes dans la production de pétrole. Malgré une légère remontée des prix ces derniers jours, le Brent s’échange à 76 dollars le baril en Europe, tandis que le WTI est à 71 dollars aux États-Unis, bien en deçà des sommets atteints en mars 2022 (près de 140 dollars). Dans ce contexte morose, de nombreux analystes estiment qu’une nouvelle réduction de la production est devenue probable.

Giovanni Staunovo, de la banque UBS, déclare à l’AFP que la probabilité d’une nouvelle coupe s’est fortement accrue. D’autres analystes, tels que Yousef Alshammari de CMarkits, ont également révisé leurs prévisions à la baisse et s’attendent à une diminution d’au moins un demi-million de barils par jour, avec une pression possible de l’Arabie saoudite en faveur de cette décision.

Maintenir un « front uni »

La question clé qui se pose lors de cette réunion de l’Opep+ est de savoir si la Russie sera disposée à soutenir une nouvelle réduction de la production. La Russie, en raison de ses obligations militaires en Ukraine, semble réticente à resserrer davantage les vannes du pétrole. Cependant, l’Arabie saoudite, l’autre pilier du groupe, a besoin de prix plus élevés pour équilibrer son budget. Barbara Lambrecht, de la Commerzbank, souligne que la Russie ne profiterait guère d’une hausse des prix, car elle est soumise à des sanctions occidentales qui l’empêchent de vendre du pétrole à un prix supérieur à 60 dollars le baril.

En revanche, l’Arabie saoudite a un seuil de rentabilité d’environ 80 dollars le baril. Malgré ces divergences, les deux principaux producteurs du cartel, l’Arabie saoudite et la Russie, chercheront probablement à maintenir un front uni pour préserver leur influence. En mars 2020, lors d’un désaccord majeur, la Russie avait refusé de réduire sa production, ce qui avait entraîné une surabondance de pétrole sur le marché et une baisse prolongée des prix. L’Arabie saoudite et la Russie souhaitent éviter une répétition de cette situation.

Les membres de l’Opep+ doivent trouver un équilibre entre la nécessité de maintenir des prix plus élevés pour certains pays et la volonté d’éviter une surproduction qui pourrait entraîner une baisse des prix. La décision finale dépendra de la capacité de l’Arabie saoudite à convaincre la Russie de soutenir une nouvelle coupe de la production.